Parce qu'ici on parle surtout de coups de coeur, et parce que Oz est peut être mon plus grand choc cinéma, je me devais de commencer par lui.

Depuis quelques années le monde des séries est en pleine expansion. De plus en plus de public, de plus en plus de budget, de plus en plus de qualité. La chaîne américaine HBO a su jouer avec ce nouveau phénomène. Globalement, on lui doit la diffusion d'une bonne partie des plus grandes séries de ces 15 dernières années. Dont les quatre piliers sacrés que sont The Wire, The Sopranos, Six Feet Under et Oz.

Parmis ces quatre séries mythiques, Oz est un peu le vilain petit canard. Enfin c'est l'impression que j'ai eu en cherchant des infos à son sujet sur le net. En demandant à mon entourage, au mieux j'avais du "Ouais, j'crois que c'est un truc pas mal sur les prisons, genre Prison Break ou un truc comme ça quoi". Je vous propose donc un petit hommage à cette série, une sorte de petit zoom sur ce qu'elle propose.

 

"Ouais, Oz en gros c'est genre Prison Break quoi" ( ;P ) :


Alors oui, Oz parle de prison. C'est même plus que ça, un huit-clos de six saisons dans un quartier pénitencier expérimental favorisant les interactions sociales entre détenus pour une meilleur réinsertion future. La première chose qui va nous surprendre est le ton ambiant. Un ton très particulier, très sérieux, ultra dépouillé ( quasi aucune musique, toujours les mêmes décors ... ) loin des paillettes de Prison Break ( j'ai rien contre cette série je le précise ). Dès le premier épisode, on fait la connaissance avec le nazisme, les clans, le bizutage, le viol, la drogue, le sida, la mort ... Les clichés habituels des films "de prison" quoi, mais ici ça va plus loin. Un je ne sais quoi qui  fait la différence. Qui lui donne infiniment plus de force que tous les "Un prophète", "Dog Pound" et autres réunis, et je pèse sincèrement mes mots. Peut être la subtilité des dialogues ( à donner des frissons, VO obligée par contre ), l'intelligence de la mise en scène, si réaliste, si dévorante, tellement troublante. Peut être la qualité d'interprètation ( juste stratosphérique, mais j'y reviendrai ).

On ressort de ce premier épisode dans un état assez bizarre, on a un peu mal au ventre par de cette descente en enfer carcéral, d'une noirceur dépassant vraiment toute attente, tout en étant époustouflé par l'interprétation et les personnages rencontrés. Rares sont les séries à nous prendre autant aux tripes en 50 minutes. Rares sont les séries à proposer autant de choses en un épisode. A être aussi excitantes vis-à-vis des persos et des enjeux à venir.


"Ouais, en gros, clans, drogue, bizutage, sodo, la routine habituelle quoi" ( ;P ) :


Effectivement c'est la première chose à craindre dans le genre. Faut dire qu'à chaque fois qu'on touche à la prison on y a droit. Oz, malgré toute sa subtilité n'y échappe pas. Enfin pas vraiment.

La vraie intelligence de Oz, c'est de faire passer tous ces gimmicks au second plan, d'aller plus loin dans les enjeux à proposer. Oui la violence, la drogue et le cul sont omniprésents. Mais les vrais thèmes abordés sont bien plus "ambitieux". La haine, la soif de vengence, la voie de la rédemption. La recherche d'un but spirituel, les regrets, la naisance d'un amour homosexuel, l'envie de vivre, la recherche de soi, le besoin de liberté, le droit à la vie, la peine de mort, la fraternité, l'amitié ... Je vous laisse le plaisir de voir avec quelle intelligence, quelle subtilité tous ces aspects sont traités. Et encore une fois je pèse le moindre de mes mots.

Oz est tout à fait le genre de série qui nous laisse sur le cul à chaque épisode. Pas tellement par ses cliffhangers, mais plus par la construction de ses personnages, par sa puissance scénaristique. Par son intensité absolument démente. Par la folie de ses ambitions. Par son ampleur digne d'une tragédie grecque.

 

Un casting stratosphérique :


Peut être plus encore que les éléments narratifs, c'est l'inteprétation qui nous laisse sans voix. Mais vraiment. Je sais que j'ai déja pas mal abusé de superlatifs en quelques lignes, mais là je ne peux pas faire autrement. Des acteurs sorti de quasi nulle part à l'époque ( que l'on retrouve en tête d'affiche dans pas mal de séries actuelles ), incarnant des personnages en or pur, avec une aisance à tomber par terre. Des acteurs taillés pour ces persos. Ou peut être est-ce le contraire.

Ca peut paraître tape-à-l'oeil, mais je le pense sincèrement : il y a déja eu des oscars récoltés pour bien moins dans les longs-métrages, et ici la qualité s'étale sur près de 65h. Et vraiment,  je ne suis pas du genre à m'emporter comme ça d'habitude. C'est simple, j'ai vu pas mal de séries réputées pour l'immense qualité de leur "acting". De tête, comme ça, je pense à Breaking Bad, Six Feet Under et quelques autres. J'ai trouvé dans ces séries des rôles réellement poignants, bouleversants, hyper subtils, tout ça, mais aucune ne m'a autant impressionné à ce niveau là que Oz.

 

Une série très "dark" :


Evidement Oz est une série sombre, très sombre. La noirceur d'un voyage à peine éclairé par l'humour ( qui se fait très rare ). Finalement les seuls lueurs sont ces quelques moments "beaux", où l'amour et l'espoir traversent les murs de béton armé le temps d'une scène ou d'un regard.

Une série assez profonde donc, avec pas mal de trucs à faire passer. Ca va plus loin que le simple "entertainment", que le simple divertissement. C'est une de ses forces mais aussi sa plus grande faiblesse : pas vraiment la série idéale pour se vider la tête.

 

Conclusion :

Avec des personnages aussi intéressants, une interprétation qui touche au divin, et des ambitions scénaristiques aussi hautes, Oz est définitivement une série au dessus du lot. Et bien plus. Son ampleur dramatique en fait une des séries les plus fortes ayant vu le jour. Dans son genre impossible de faire mieux. Un somptueux mais assez dur drame humain, qui parvient à retranscrir des choses d'une puissance assez folle.